Langues parlées au Koweït : diversité linguistique et influence culturelle
Le Koweït, petit pays riche du Golfe Persique, se distingue par une grande diversité linguistique. Bien que l’arabe soit la langue officielle, le paysage linguistique du pays est bien plus vaste, en raison de son histoire, de son ouverture internationale et surtout de la présence massive de travailleurs immigrés. Dans cet article, nous vous proposons un panorama détaillé des langues parlées au Koweït et de leur rôle dans la société.
L’arabe : la langue officielle et identitaire
L’arabe est la langue officielle du Koweït et la plus largement utilisée dans la vie publique, l’administration, l’éducation et les médias. Il s’agit d’un élément fondamental de l’identité nationale. On y parle principalement deux formes d’arabe :
- L’arabe classique ou littéraire : utilisé dans les discours officiels, la presse écrite, les documents administratifs et l’enseignement supérieur.
- L’arabe koweïtien (dialectal) : variante locale de l’arabe du Golfe, utilisée dans la vie quotidienne, à la maison, au marché, dans les médias populaires et dans les interactions informelles.
L’arabe koweïtien est caractérisé par un accent distinctif, des emprunts à l’anglais, au persan, et à d’autres dialectes, et joue un rôle essentiel dans la culture populaire (chansons, séries TV, théâtre).
L’anglais : langue seconde et lingua franca
L’anglais occupe une place importante au Koweït, en tant que langue seconde. Il est enseigné dès le primaire dans les écoles publiques et utilisé couramment dans de nombreux secteurs :
- Affaires et commerce : dans les entreprises multinationales, l’anglais est souvent la langue de travail principale.
- Secteurs médicaux et technologiques : la documentation, la formation et la communication se font souvent en anglais.
- Vie quotidienne : panneaux routiers bilingues, restaurants, centres commerciaux et services publics intègrent fréquemment l’anglais.
Pour les expatriés non arabophones, l’anglais est une langue passerelle essentielle pour communiquer au quotidien.
Les langues d’Asie du Sud : hindi, ourdou, bengali, tamoul
En raison de la forte présence de travailleurs étrangers originaires d’Asie du Sud, le Koweït est également un espace multilingue. Environ 70 % de la population totale du pays est composée d’étrangers, et une large part vient d’Inde, du Pakistan, du Bangladesh, du Népal et du Sri Lanka.
Parmi les langues les plus couramment parlées :
- Hindi et ourdou : parlés par les communautés indienne et pakistanaise. Utilisés à la maison, dans les commerces communautaires et sur certaines chaînes de télévision.
- Bengali : largement répandu parmi les travailleurs bangladais, en particulier dans la construction et les services.
- Tamoul, malayalam, télougou : parlés dans les communautés sud-indiennes, notamment dans le secteur domestique.
Ces langues ne sont pas reconnues officiellement, mais elles forment un élément incontournable de la communication intercommunautaire dans certains quartiers et secteurs.
Le tagalog et autres langues des Philippines
Le tagalog, langue nationale des Philippines, est également largement parlé au Koweït. La communauté philippine y est nombreuse, notamment dans les métiers de service à la personne, l’hôtellerie et la restauration.
Les Koweïtiens employant du personnel domestique philippin apprennent souvent quelques mots de base, et certains services spécialisés utilisent le tagalog comme langue de communication.
Le persan : une influence culturelle ancienne
Bien que minoritaire aujourd’hui, le persan a historiquement influencé le dialecte arabe koweïtien. Cette influence résulte des échanges commerciaux entre le Koweït et la Perse (actuel Iran), ainsi que de la présence passée de marchands iraniens.
Des communautés chiites d’origine iranienne parlent parfois encore le persan à domicile, bien que la majorité soit désormais arabophone.
Les langues dans les écoles et universités
Le système éducatif koweïtien accorde une place centrale à l’arabe, tout en intégrant l’anglais comme matière obligatoire dès les premières années. De nombreuses écoles privées proposent également un enseignement multilingue, selon le public :
- Écoles britanniques et américaines : enseignement en anglais, avec l’arabe comme langue seconde.
- Écoles indiennes : enseignement en anglais, hindi ou autres langues régionales indiennes.
- Écoles philippines : enseignement en anglais et tagalog.
Dans les universités publiques, l’arabe reste prédominant, mais certaines disciplines (sciences, ingénierie, médecine) sont enseignées en anglais.
Multilinguisme et enjeux sociaux
Le multilinguisme au Koweït pose à la fois des opportunités et des défis :
- Opportunité d’ouverture : favorise les échanges économiques et culturels avec le reste du monde.
- Défi d’intégration : la barrière linguistique entre les Koweïtiens arabophones et les expatriés non-arabophones peut entraîner des malentendus ou des tensions.
- Préservation de la langue nationale : certains débats portent sur la nécessité de protéger l’arabe koweïtien face à l’influence croissante de l’anglais et des autres langues étrangères.
Conclusion
Le Koweït est un véritable carrefour linguistique. Si l’arabe demeure la langue officielle et unificateur culturel, la réalité quotidienne reflète une coexistence de dizaines de langues, parlées par une population cosmopolite. L’anglais joue un rôle de langue seconde essentielle, tandis que les langues d’Asie du Sud et des Philippines témoignent de la diversité humaine du pays.
Comprendre les langues parlées au Koweït, c’est mieux appréhender la richesse et la complexité d’un pays où les traditions se mêlent aux dynamiques mondialisées. Cette mosaïque linguistique contribue à faire du Koweït un acteur singulier dans le paysage du Golfe.