Histoire

Histoire du Koweït : des origines à nos jours

Le Koweït, petit État du Golfe Persique, possède une histoire riche marquée par son emplacement stratégique entre l’Arabie, la Perse et la Mésopotamie. Sa transformation, d’un modeste port de pêche à un État prospère grâce au pétrole, en fait un exemple unique au Moyen-Orient. Dans cet article, nous retraçons l’histoire du Koweït, de ses origines tribales jusqu’à son développement moderne, en mettant l’accent sur les moments-clés comme la guerre du Golfe et l’indépendance.

Les origines du Koweït : une position stratégique

La région qu’occupe aujourd’hui le Koweït a été habitée depuis l’Antiquité. Des fouilles sur l’île de Failaka révèlent des traces de colonies grecques datant d’Alexandre le Grand. Son positionnement sur le Golfe Persique en a fait une zone de passage pour les caravanes marchandes reliant l’Inde, la Perse et la Mésopotamie.

Vers le XVIIIe siècle, la tribu des Banū Khālid contrôle la région. Cependant, un groupe arabe originaire de la péninsule arabique, les Al Utub, s’y installe vers 1716, fondant ainsi la base de l’actuel émirat.

La fondation de l’émirat et l’ascension des Al-Sabah

En 1752, la communauté choisit Sabbah I bin Jaber comme chef. Il devient ainsi le premier émir du Koweït, donnant naissance à la dynastie Al-Sabah, toujours au pouvoir aujourd’hui. Le Koweït prospère grâce à ses activités maritimes : pêche, commerce maritime et surtout pêche aux perles, très florissante jusqu’au début du XXe siècle.

Le Koweït se développe comme un port libre, attirant les commerçants indiens, perses et ottomans. Bien qu’il entretienne des liens avec l’Empire ottoman, le Koweït garde une relative autonomie politique.

Le protectorat britannique (1899–1961)

Face aux ambitions ottomanes et à la montée des tensions régionales, le cheikh Mubarak Al-Sabah signe un traité de protection avec le Royaume-Uni en 1899. Ce traité fait du Koweït un protectorat britannique : les Britanniques s’occupent de la politique étrangère, tandis que les affaires intérieures restent entre les mains de l’émir.

Pendant cette période, le Koweït connaît des bouleversements économiques, notamment le déclin de la pêche perlière dans les années 1930, à cause de la concurrence des perles japonaises et de la Grande Dépression.

La découverte du pétrole et l’indépendance (1938–1961)

La véritable transformation du Koweït débute avec la découverte du pétrole en 1938 dans le champ de Burgan, l’un des plus grands au monde. L’exploitation commerciale commence en 1946, après la Seconde Guerre mondiale. Le pays s’enrichit rapidement, modernisant ses infrastructures et services publics.

En 1961, le Koweït proclame son indépendance. Le Royaume-Uni met fin à son protectorat. Le nouvel État est dirigé par Abdullah Al-Salim Al-Sabah, qui devient le premier émir du Koweït indépendant et adopte une constitution en 1962, instaurant une monarchie constitutionnelle avec un Parlement élu.

Développement et modernisation (1960–1980)

Grâce à ses revenus pétroliers, le Koweït devient l’un des pays les plus riches du monde. Le gouvernement investit massivement dans :

  • Les infrastructures modernes (routes, hôpitaux, universités),
  • Les services sociaux et la gratuité de l’éducation et de la santé,
  • Le soutien aux pays arabes via des aides financières et le Fonds koweïtien de développement.

Le Koweït adopte également une politique étrangère active, se positionnant comme médiateur dans les conflits du monde arabe.

L’invasion irakienne et la guerre du Golfe (1990–1991)

Le 2 août 1990, l’Irak de Saddam Hussein envahit le Koweït, revendiquant son territoire et accusant le pays de manipulation pétrolière. En quelques heures, l’armée irakienne prend le contrôle du territoire.

L’occupation irakienne dure sept mois. Des milliers de Koweïtiens fuient le pays. Le régime impose un gouvernement fantoche. Cependant, une coalition internationale dirigée par les États-Unis lance l’opération « Tempête du désert » en janvier 1991.

Le 26 février 1991, les troupes irakiennes sont expulsées, et le Koweït est libéré. Les conséquences sont lourdes : infrastructures détruites, puits de pétrole incendiés, et crise humanitaire.

La reconstruction et la modernisation post-guerre

Après la guerre, le Koweït engage un vaste programme de reconstruction et renforce ses alliances internationales. Il modernise ses forces armées et sécurise son territoire face à de nouvelles menaces régionales.

La monarchie continue de jouer un rôle central, mais le Parlement gagne en importance. Des élections régulières ont lieu, bien que le paysage politique reste limité par la nature autoritaire du régime.

Le Koweït au XXIe siècle

Le Koweït poursuit ses efforts de diversification économique pour réduire sa dépendance au pétrole. Des projets d’innovation, de technologie et de finance sont en cours, bien que le secteur public reste dominant.

Le pays reste engagé dans des politiques diplomatiques prudentes. Il joue un rôle de médiateur régional, notamment pendant la crise du Golfe entre le Qatar et ses voisins (2017–2021).

En parallèle, la société koweïtienne, bien que conservatrice, connaît des évolutions : place croissante des femmes dans l’enseignement supérieur, montée des revendications citoyennes, et débats sur les droits politiques.

Conclusion

L’histoire du Koweït est celle d’un petit État devenu puissant grâce au pétrole, tout en conservant son identité tribale et monarchique. Sa résilience face à l’occupation irakienne et sa volonté de s’adapter aux défis économiques et géopolitiques du XXIe siècle en font un acteur majeur du Moyen-Orient. L’évolution du Koweït continue d’être marquée par la dualité entre tradition et modernité, stabilité monarchique et aspirations démocratiques.