Religion

Les religions pratiquées au Koweït : panorama complet

Le Koweït, petit émirat de la péninsule arabique, est un pays où la religion joue un rôle central dans la vie sociale, politique et culturelle. Majoritairement musulman, le pays abrite néanmoins une certaine diversité religieuse, en particulier parmi les communautés expatriées. Dans cet article, nous vous proposons un tour d’horizon des religions pratiquées au Koweït, de leur répartition, de leur cadre juridique, ainsi que des enjeux liés à la liberté religieuse.

Islam : la religion d’État

La Constitution koweïtienne affirme que l’islam est la religion d’État et que la charia islamique est une source principale de législation. Environ 70 % à 75 % de la population koweïtienne est musulmane, avec une division notable entre les sunnites et les chiites.

Les musulmans sunnites

Les sunnites représentent environ 60 % à 65 % des Koweïtiens musulmans. Ils occupent généralement une majorité des postes dans l’administration publique, l’armée et les sphères politiques. Le courant sunnite au Koweït suit majoritairement l’école juridique hanbalite, bien que d’autres tendances soient aussi représentées.

Les musulmans chiites

Les chiites constituent environ 30 % à 35 % des musulmans koweïtiens. Ils disposent de leurs propres lieux de culte (mosquées chiites), de tribunaux religieux et d’institutions éducatives. Bien qu’ils soient globalement intégrés à la société, ils font parfois face à une discrimination institutionnelle ou sociale.

Les minorités religieuses au Koweït

Outre la population musulmane, le Koweït accueille de nombreuses minorités religieuses, principalement composées d’expatriés venus d’Asie, d’Afrique ou d’Occident pour travailler dans l’émirat. Ces communautés pratiquent leur religion dans un cadre relativement tolérant mais réglementé.

Le christianisme au Koweït

Les chrétiens représentent la plus grande minorité religieuse non musulmane. Ils sont principalement originaires des Philippines, d’Inde, du Liban, d’Égypte et de l’Occident. On estime qu’il y a environ 600 000 chrétiens au Koweït, bien qu’ils ne soient que quelques centaines à posséder la citoyenneté koweïtienne.

Le pays compte plusieurs églises officielles reconnues par le gouvernement, notamment catholiques, orthodoxes et protestantes. Ces lieux de culte peuvent organiser des offices, à condition de respecter certaines limites, notamment en matière de prosélytisme.

Les hindous et bouddhistes

Les travailleurs immigrés venus d’Inde, du Népal ou du Sri Lanka pratiquent principalement l’hindouisme et, dans une moindre mesure, le bouddhisme. Ils n’ont pas toujours d’édifices religieux officiels, mais peuvent exercer leurs rites dans des centres communautaires ou des espaces privés.

Le gouvernement koweïtien tolère ces pratiques, mais les rassemblements religieux doivent rester discrets, surtout lorsqu’ils concernent des cultes non abrahamiques.

Les autres communautés religieuses

On trouve également au Koweït de petites communautés sikhes, bahaïes, ou encore juives, bien que leur visibilité soit très faible. Il n’existe pas de synagogue officielle dans le pays. Le culte bahaï, bien qu’interdit dans plusieurs pays du Golfe, est pratiqué discrètement par quelques individus.

Liberté religieuse au Koweït : un cadre réglementé

Le Koweït se distingue par un certain niveau de tolérance religieuse par rapport à certains pays voisins, mais dans un cadre strictement défini. La Constitution garantit la liberté de religion tant qu’elle ne porte pas atteinte à l’ordre public ou aux bonnes mœurs.

Les limitations sont les suivantes :

  • Le prosélytisme envers les musulmans est interdit et puni par la loi.
  • Les lieux de culte doivent être officiellement reconnus et enregistrés auprès du gouvernement.
  • Les publications religieuses sont soumises à une censure préalable.
  • Il est interdit de blasphémer l’islam ou de critiquer publiquement la religion.

Bien que les Koweïtiens musulmans aient le droit de changer de courant (sunnite à chiite et vice versa), l’apostasie de l’islam est socialement stigmatisée et peut avoir des conséquences juridiques indirectes (perte de garde, héritage, etc.).

Religion et société koweïtienne

La religion influence fortement la société koweïtienne. Le calendrier civil suit les fêtes religieuses islamiques, notamment le Ramadan, l’<strong’Aïd el-Fitr et l’<strong’Aïd el-Adha. De nombreuses institutions publiques ferment ou réduisent leurs horaires pendant ces périodes.

Dans les écoles publiques, l’éducation religieuse islamique est obligatoire pour les élèves musulmans. Les écoles privées peuvent proposer un enseignement religieux adapté à leurs communautés, sous supervision étatique.

De nombreuses lois en matière de moralité publique, de tenue vestimentaire ou de consommation d’alcool sont influencées par les principes islamiques.

Les défis contemporains liés à la religion

Bien que la société koweïtienne soit relativement ouverte, des tensions interreligieuses ou intrareligieuses peuvent émerger, notamment en période de crise politique ou régionale.

  • Les chiites réclament parfois une meilleure représentation politique et religieuse.
  • Des groupes extrémistes ont tenté, par le passé, d’attiser les divisions confessionnelles.
  • Les réseaux sociaux posent des défis en matière de liberté religieuse et de discours haineux.

Le gouvernement tente de promouvoir un discours religieux modéré et une cohabitation pacifique, notamment par la régulation des sermons dans les mosquées et la surveillance des financements étrangers.

Conclusion

Le Koweït est un pays où l’islam structure la vie publique, mais où une certaine diversité religieuse est tolérée, notamment en raison de la présence massive de travailleurs étrangers. Le respect de la religion dominante va de pair avec une forme de pluralisme encadré, qui distingue l’émirat de certains de ses voisins.

Comprendre les religions pratiquées au Koweït, c’est aussi saisir les dynamiques sociales, culturelles et politiques qui façonnent ce pays du Golfe à l’équilibre délicat entre tradition et modernité.